François Mouren-Provensal

Au jour le jour

Certains jours, une photo déposée.

Le ciel posait gris d'hiver.
La mer s'obstinait à la révolte.
Grande Bleue me nomme t-on
affirmait-elle avec majesté.
L'oiseau, lui, s'amusait à souligner
les contrastes des immenses.

En me retournant, je vis que j'avais laissé échapper les pensées du monde et qu'elles avaient éclaboussé les cieux.
La pensée unique n'existe pas...

L'abrupt m'offre l'austère.
Comme une farouche obligation à la mesure.
J'ai goût à cet auguste ordinaire.

Mes brasiers sont éphémères...

J'aime les saisons, cette course au soleil, à peine née, déjà passée.
Fugitive identité posée aux odeurs et à la couleur.
Avec cette infaillible promesse du retour.

La montagne s'amusait à mêler les saisons aux mélanges des couleurs.
Du blanc à l'ocre, les jours à venir se posaient en palette alors que le vert faisait mémoire...

Ce cycle où nos chimères effleurent les esprits.
Que sais tu des contes des sommets ?
Le ruisseau du temps au rythme de la pierre.
Seul le soleil poursuit sa course et tire la nuit à sa poussière...

Je retrouve avec plaisir le temps des tourmentes.
C'est un temps à l'affutage des solitudes, à la mouvance des grandioses, aux calmes bouleversants.
J'aime le simple somptueux des jours d'automne.
J'y suis né, il est ma découverte du monde.

Il y a beauté dans les ruptures.
L'uniforme ne s'affirme qu'à l'égal de l'éclat.
Le monde s'amuse chaque jour à nous donner leçon.
mais nous n'en avons cure, nous ne levons plus le regard.
Il y a pourtant de sublimes envolées au mélange des contrastes.
Hélas, ignorant des bâtards que nous sommes, nous aimerions tant prôner l'uniformité, ce non-sens des vies...
L’image contient peut-être : nuage, ciel, océan, nature et plein air

Juste l'épure, pour conter l'ailleurs et se souvenir d'ici.
La simplicité du monde devrait être évidence.

Embrasse l'infini, cajole l'immense pour simplement dorloter l’incommensurable du présent.
Aux couleurs du temps s’écoulent tes jours...

Le temps nous fait nuage et nous emporte au loin du vent.
Que restera-il d'hier ?
Pas même la mémoire des labeurs courbés.
Tout juste l'accroche de la couleur des pierres au regard du passant.

j'avais salut de plumes, de lumière, de bleu et d'infinis.
J'aime le merveilleux des simples évidences...
L’image contient peut-être : oiseau, ciel et plein air

Je garderai ce jour en rouge et bleu.
Comme les mots partagés,
Comme les détours de sourires...

j'ai parfois les bouts du monde qui posent signature au fil de l'écume.
Les vagues, mémoire de l'autre rive...

Je marchais aux crêtes, l'immense m'entourait.
Ne redoute point les déchirures, me soufflaient les nuées.
Elles sont parfois changement vers la douceur.
Il faut à l'acceptation de l'uniforme l'unique espoir d'une lumière.
Contemple, le temps viendra...

Aux temps improbables il faut parfois aller aux matins pour l'essentielle fugacité.
J'avais suivi la lune en son couchant pour saluer le soleil, écouter l'arbre, et chanter la mer.
L'oiseau m'accompagnait, le sanglier courait dans les fourrés derrière la vire, le vent posait souffle à la respiration du monde
Respirer les grains de vie et un instant oublier les hommes.

Pour la minutieuse légèreté des immémoriaux...

Il faut patience pour que filent les saisons et passe l'hiver.
Avant que ne s'esquissent les sourires de la terre
Il faut fraicheur et repos.
Puis naissent germes aux fleurs au retour du soleil.

Le temps des couleurs froides...

Les matins de brumes sont l’indécis des saisons.
Seul le vent sait s'il montrera soleil ou nuées.
Hommes, plantes et animaux se suspendent à son cours.

Le maitre du temps est toujours de passage...

Combien d'empressements, combien de nonchalances ?
Combien de rêveries, combien de comptes à rendre ?
Combien d'amoureux, combien d'aigreurs ?
Travail, labeur, promenade, flânerie,
en montée ou en descente.
Combien de vies, combien de pas
pour user marche à marche ?
Les escaliers sont une histoire...

Le soleil d'automne soulignait l’âpreté de l'ile, ciel et mer s’effaçaient.
Ne restait que la blancheur de la roche, pour mémoire...

Il me faut dessiner l'automne me disait le soleil.
J'ai charge du fil du temps, de la course des saisons,
au trait de mes lumières.
Assied toi et laisse courir l'instant, me dit-il.
Ma foi, je me laissais faire...

Les roches de Marseille chantent en lumière l'heure des départs.
Elles posent écho au milieu de la rade en étirant les iles.
Il sera bien temps de n'avoir que le bleu en alentours.
La grâce des ports se mesure aux au-revoir...

Je retrouvais le temps des douceurs.
Au lavis du jour s’étirait l'heure précieuse.
L’équilibre du jour à la balance de la nuit.
J'aime cet instant où mon activité bascule à la rêverie.
Je laisse tout privilège aux ambitions humaines.
Le mien, unique, est d’être posé face au monde,
en quiétude...

Sans effort, à peine par un changement de tonalité,
le soir avait chassé les hommes et leur frénésie balnéaire.
Je choisis alors de m'accouder à l'horizon pour caresser ma solitude.
J'ai des secondes précieuses...

J'avais confié mon bonheur au cœur des nuages.
Attentionnés ils le promenaient au bout du monde, à l'orée du soleil, au droit de l'horizon.
Je n'ai jamais regretté de laisser mon âme aux nuées...

Un soir à mes essentiels.
Un nuage pour le contraste
Une lumière pour la douceur
Une ligne pour le partage
Un passant pour le regard.

Il faut du simple pour les soupirs
Il faut du sobre pour les pensées
Il faut du large pour les espoirs
Il faut le monde pour savoir
Il faut savoir pour les questions
A l'horizon se posent de simples absolus...

Parfois danser aux tempêtes pour un ballet aux écumes...

Rouge, debout, fragile
Comme la révolte,
la simple lutte aux temps
tout juste à l'aide du vent.

Rouge, debout, fragile
gagnant les champs,
le bord des routes et des chemins.
Je ne suis rien.

Juste une fleur, quatre pétales, une couleur
Je me souviens ils m'avaient mis à leur fusils.
Juste une fleur, commun des prés
Je me souviens ils m'avaient au bord des cœurs

Court le soleil à la barbe des orages.
Court la lumière à l'emprise des gris.

J'aime les jeux que m'offrent mes vagabondages.
Oh ! ils sont simples, certes mais... mes merveilles,
m'émerveillent...
Leur simple me suffit et m'emplit d'une indéfectible joie.

J'avais l'immense pour chemin et la brise pour pensée.
Mes certitudes s'enfuyaient aux nuées,
mes rêves couraient aux sillons et se logeaient aux murs d'oratoires oubliés.
Le vent m’était compagnie et séchait la pluie passée.
Il faut parfois laisser filer ce que l'on est
pour retrouver qui on est né.
C’était un temps à courir mon pays...

Les jours de rien.
Connais tu ces jours de rien ?
Tout juste laisser courir les nuages
et espérer les horizons.
Caresser l'ébauche
pour offrir les songes aux nuées.
Ainsi se construisent mes pensées
aux parcelles du rien.
Alors, demain sera un jour du plein.

La terre avait oublié le pas du cheval...

Au long, tout au long de l'hiver,
il y avait eu le vent, la pluie, la glace, la neige, le froid.
La feuille était opiniâtre et battait en brèche l’acharnement des éléments.
Elle s'obstinait à être le souvenir de l'été.
Juste, tout juste, et seulement pour laisser place au bourgeon du printemps.
Là, pour lui, elle se laisserait tomber et emporter par la brise.

Parfois, l'hostile n'a point de prise...

Parfois, l'homme sait si bien faire refuge...

Au salut des nuages, il me fallut faire le tour de la montagne.
Comme une offerte, une litanie.
A l'autel de la montagne je caressais l'absence.
Il est parfois de rugueuses étreintes...

Au rebord de mes routes, je tutoyais de légendaires géants.

Parfois, au cœur de l'hiver le soleil pose des rayons de promesses.
Le gage des bourgeons, des feuilles puis des grappes.
L'annonce des chaleurs, l’espérance des rires aux vendanges.
Le soleil nous conte le temps, écoutons le et l'hiver, buvons le vin cueilli aux saisons.
Ne reste que sourires aux sarments...

Aux lèvres de l'hiver se chuchotent les légendes des neiges.
Des contes de bourrasques s'échangent aux rebords des chemins.
Les histoires de frimas se confient aux flocons qui les posent à nos portes.

Il est des douceurs de glace...

la brume me tient à cœur.
Pour sa course au chant du vent,
pour les estompes de ses élans
et l’entêtement de ses opaques.
La brume est le paraphe de l'hiver...

Faudra t'il chanter la lumière
ou exalter les nuées ?
Suivre le fil de l'horizon
ou le chaos des tempêtes ?
Il faut s'appliquer au déséquilibre.
Il est le principe de la marche,
l'éperon de la chimère à l'idée.

Viens, nous irons au tumulte des clartés...

Parfois, le Mistral s'enfièvre tant qu'il arase l'âme et coupe les soupirs.
Lui seul a droit au souffle, lui seul exhale sa plainte.
Le temps se suspend à l'espoir qu'il perde haleine.
Le monde fait le dos rond, n'existe que son règne.
la mer peine à creuser ses lames.
Quelle peine des âges le pousse à hurler ainsi ?

Le soir, je file aux infinis.
Ils ne sont pas très loin,
juste au rebord des nuages,
à l'orée des embrasements.
Il faut enlacer l'absolu
pour garder la mesure du monde

L'aube m'attendait à l'ourlet du jour, chargée de promesses énigmatiques.
Les jours nouveaux sont l’étonnement renouvelé à la nonchalance de mes nuits.

La beauté du monde, mon offrande...

L'ancien monde se fripait jusqu'à se démantibuler.
Il n'y avait plus de labeur, plus de classe ouvrière, plus de machines à entretenir.
Les temples s'effritaient, les prêtres avaient fui.
Le Dieu, lui, restait le même mais il avait changé de peuple...

La Provence, toujours changeante au fil des crêtes, jamais la même. Elle prit soin au petit matin, à peine la mer effacée, de saluer ma route vers les Alpes de sa première montagne.
Entre ses abrupts, il est parfois de subtiles douceurs en ce pays.
Mes émerveillements sont ma victoire

Ce sont les petites routes, les traverses, les oubliées qui conduisent au bout du monde.
Point les axes, les voies rapides, les autoroutes.
Eux, sont enfermés, barrièrés, cadenassés.
Les sentes, les chemins, les voies s'inventent des infinis à chaque col, à chaque passage.
On ne sait où elles mènent, on ne sait combien dure leur parcours.
Mais à chaque détour, les histoires se déroulent, les promesses se languissent, les regards se perdent en cherchant leur chemin.

Viens je t’emmène, un jour, au bout du monde, à coté, juste là, lentement...

Les matins du monde nous appartiennent.
De crêtes en vallons courent les rayons
Au fil des combes s’estompe l’ombre,
s’effacent les ténèbres abandonnées.
Une Terre caressée, pour les vies dorlotées.
Un jour en friche.
Herbe, arbre, chevreuil ou corbeau,
Chacun salue le jour renouvelé.

N’oublie point, homme, l’hommage simple,
l’amicale reconnaissance
au jour qui te fera vivre.
Aujourd’hui, maintenant,
au coté du chevreuil

Que tu ne verras point

J'allais au long des routes frôlant bon grain comme ivraie.
Folle avoine comme lavande.
J'allais au long des routes, m'emplissant les yeux et le cœur.
Indifférent aux réputations bonnes ou mauvaises.
Que vaut donc une réputation vu du chemin ?
Seul compte l'enchantement.
J'allais au long des routes...

Nous contemplions le changement des temps,
l’avènement céleste.
Que faudrait il craindre ?
Le jour ?
La nuit ?
Il n'y a que temps
Il n'y a que brise
et la berceuse du clapot.

Il faudra laisser le soleil
embrasser l'été,
enlacer la gloire
le nommer solstice

Puis nous irons au bout du jour...

l y a les gris, les bleus, les bleu-gris, l'or et ses rayons.
Il y a le ciel, la mer, l'air, l'air de rien et tout ce qui va avec.
Il y a l'envol, l'espoir, les jeux, les rires les aventures et les hasards.
Il y a les merveilles et les petits rien, les rien du tout, les pas grand chose,le grandiose et l'anecdote.
Il y a ces jours où l'on oublie que tout fait vie.
Il y a ces jours où l'on sait que tout fait vie.

Vole, crie et tournoie
Le vent en fera son affaire

Au soir, nous échangions des nouvelles des mondes.
Celles du large, du sauvage et celles des hommes.
L'oiseau était toujours étonné de mes histoires.
Moi, j’apprenais des siennes.
Le monde est un partage, une fugitive entrevue.

Les territoires entrelacés

C’était un jour de luxe, un jour à s'offrir le monde.
Un temps à s'asseoir à la crête des nuances.
un instant de silence, un temps à ne rien attendre.
Un temps à prendre
La course des nuages
l'horizon à cache-cache
le ciel au cœur.

Il fallut reprendre la route.
Pas la grande, non, elle est toujours bien trop frénétique.
Je préfère les routes oubliées, celles des anciens villages, celles où l'on vous voit venir de loin et où l'on vous annonce.
L’étranger est celui qui emmène les nouvelles du monde, les contes de l'ailleurs.

$Il y avait la mer et le tapage des vagues Il y avait le vent et son fracas de bourrasques il y avait l'horizon et le silence du soleil Il y avait le ciel et le soupir du jour. Juste pour un regard posé, Juste pour un souffle osé Juste pour mon bonheur accroché. Il y avait le monde et moi...$

La solitude, ce rare bonheur d'avoir l'horizon au regard et le ciel pour témoin

Prenons exemple sur le monde, fabriquons nous des incandescences.
Il nous faut porter la lumière, la répandre sans économie.
il n'est point place aux ténèbres, l'obscur ne doit être que d'ombres, de contrastes, de réponses alanguies aux lumineux.
Embrasons nous
Embrassons nous

L'oiseau vint me saluer.
Il avait tant de nouvelles des horizons.
Des contes de soleils éloignés, d'orgueilleux nuages, de couleurs envoutantes, d'horreurs, de bonheurs, de petits rien, de grandiose.
La vie du monde
Au jour le jour

Un ciel,
une terre,
une mer,
un horizon.
Être au milieu,
juste au milieu.
Pas plus
Pas moins.

Être

Marseille
Une ville où les rues s’étalent au rebord du soleil, où la mer s'invite au croisements des boulevards, où les collines interpellent au détours des chemins.
Marseille ville où la nature s'impose...

C’était un temps à s'obstiner pour garder la lumière.
l'ile se laissait caresser aux rebelles lueurs.
Quand bien même courent les ombres, il faudra chanter le soleil.
L'hiver s'enfuit toujours à l'allonge des jours

C’était un jour de colère.
Le vent hachait les temps.
la verticalité était interdite.
Le Mistral posait sa loi horizontale

La tempête enserrait la ville.
Entre ciel et mer, la cité se resserrait frileusement au long des collines.
Les hommes, courbés, rentraient la tête dans les épaules
Il est des jours de vent qui soufflent toute arrogance

Vient le temps de la rupture, du jaillissement, de l'éclat.
Quel que soit le voyage, il nous faut célébrer le rivage, défier l'horizontalité.
il est des instants d’inéluctables éparpillements

L'arbre était fleuri de froid.
Je cueillais du regard les fruits de la bise,
juste pour savourer l’âpreté des temps
J'aime l'hiver, il me recroqueville et m'oblige à moi-même.

Prendre au matin les chemins de givre et de brumes.
s'emplir d'une blancheur fugitive, embrasser un froid inespéré.
L'hiver est toujours d'une implacable beauté

Au fil du froid, monts et crêtes appelaient la neige, pour au gré du blanc caresser l'hiver.
Il est des espoirs glacés, il est des rêves de frimas

Les solitudes abruptes s'adoucissaient aux versants de lumière.
Quels sont les contes déclinés des pics aux pentes ?

La brume courait la montagne, entonnant le refrain de l'hiver.

La brume montait à l'assaut du col, il n'y avait plus au long des pentes que le bruit de ses volutes étalées
Sans hâte, elle avançait, reculait, puis engloutissait le paysage.
Pudeur d'automne..

Il est des voyages aux orages, des traversées aux averses.
Des espoirs au soleil, des fantaisies à la monotonies des calmes.
Viendra l’éclaircie, viendra la lumière.

On m'a dit que la mer de la tranquillité n'appartient qu'à la lune...

Le jour, las du gris s'enfuyait, laissant la pluie à la nuit.
Tout avait été sombre, uniforme, rythmé par de lancinantes ondées.
Les hommes, silencieux, se pressaient aux nocturnes abris
Seule la mer se réjouissait de cette eau que le ciel lui rendait enfin.

Le cycle du monde

C’était une ile de légende, c’était une roche de contes.
Il y avait un fort, que l'on nommait château, mais ce fut une prison.
La seule mémoire des prisonniers était une fable romanesque.
La seule visite d'un roi fut pour un rhinocéros, fabuleux personnage.
If...

J'aime les lieux oubliés par les villes.
A l’écart de l'époque,
des lieux épuisés, où la frénésie n'a plus cours.
Des sites où la sueur des hommes à cristallisé le temps.
Mes fossiles urbains.

La ville la nuit, étrangement, se pare de couleurs, de brillances, d'airs de fêtes.
La ville la nuit, que de fois ne l'ai je arpentée, traversée.
La ville la nuit, cette ancienne complice...
Où vont les gens la nuit ?

La plage et moi, nous étions seuls.
C’était l'hiver, c’était la nuit, c’était l'heure ou chacun s'embouteille à rentrer chez soi.
Il y avait pourtant un air de fête avec les lampions.
La plage , toute calme, en avait tant à raconter

Il est des matins où l'on tergiverse entre quitter la nuit ou accueillir le jour.
Traine la lune, s'étire l'aube, indécises les couleurs.
J'envoyais les oiseaux en éclaireurs aux arômes du matin, ils reviendront bien m'en dire les nouvelles.
Dans l'attente, je me recouchais, juste pour peaufiner mon hésitation et rêver aux contes de la lune

La mer et le jour venaient rompre au bord de mes rêveries.
Le vent se voulait sauvage, les nuages roulaient, envahissant le ciel avec appétit.
Le soleil, au loin abandonnait ses rayons.
Étrangement, au milieu de ce chaos, seul le calme s'imposait.

C’était un jour sans repère. Le ciel mangeait l'horizon, la mer oubliait ses limites, le soleil s’était réfugié sur les iles.
La houle scandait un chant lent et grave.
Seule la douceur de l'air semblait n'avoir point appris son rôle.
Le spectacle de l'hiver donnait sa couturière...

Ce sont des pierres de souffrance, ridées, fissurées, brulées, gelées.
Ce sont des pierres de beautés, bercées au clapot des criques.
Ce sont des pierres de secrets contés par les fleurs de leurs fissures.
Ce sont les pierres d'un pays entre mer et montagne.
Ce sont des pierres de soleil
Ce sont les pierres de nos abris

La neige rendait la montagne solennelle;
il fallait poser l'hiver, lui faire place.
L'automne, tout au bas des vallées, saluait aux dernières couleurs l'arrivée du prince blanc.
La brume, drapait de froid le tableau.
Il faudra, précieusement, garder le feu aux mois à venir.
Les temps eux mêmes semblaient se figer au soleil

Le soleil hésitait à disparaitre, ponctuant la fin du jour de suspensions flamboyantes.
Il est des temps conjugués où l'affirmation n'est pas de mise...

Au long de la côte, la ronde débutait, envoutante, informelle, houleuse et tourmentée.
La danse du départ.
Ils étaient venus du Nord, de l'Est, des arrières pays.
Il était temps, la mer, enfin, était là, derrière l'ile.
Il fallait la franchir.
Rejoindre, ensemble, des contrées plus clémentes, tout juste pour l'hiver, puis un jour revenir

Voyageurs sans frontières

Il faut courir la terre, les vents, les orages et les temps.
Traverser les déserts, arpenter les montagnes.
Il est des langues, des couleurs, des regards aux quatre coins de nos chemins entrecroisés.
il faut gouter au sourire des départs au fil de l'horizon.

Pour enfin, un jour, se dire chez soi, il faut avoir caressé la rondeur du monde

Il faut parfois ancrer la lumière, la retenir aux abysses.
Le phare, encore éteint, prenait leçon auprès du soleil.
Il serait bientôt le seul gardien de la nuit.

Les temps sombres

Il est des matins calmes au tendre équilibre des temps suspendus.
La mer était l'écrin de mes pensées, l'ilot l'épingle à mon regard.

Aux grands espaces, aux larges vues.
J'aime cette expression : ‟embrasser du regard‟.
Elle me convie à enlacer le monde.

J'aime les envies vagabondes, ce désir de passer de crêtes en crêtes, de vallons en vallons, au fil des prés, au long des bois. Que peut donc bien réserver le bout du champ, le détour du chemin ?
J'ai ce luxe de migrations heureuses et volontaires où le monde est mon refuge, où la beauté pousse mes pas.
Le monde n'est qu'un partage, l'oublier n'est que dommages

Les brumes passent, s'accrochent, s'étirent, s'effilochent, coulent au long des monts, puis s'en vont.
Elles sont l'image du temps qui passe, de nos vies qui s’écoulent.
Au flanc de la montagne, seul les arbres gardent en silence mémoire de leurs ébats.

Le fil des saisons

J'irai vers la lumière.
Oh ! pas par de grandes voies, mais par ces chemins que l'on nomme de traverse.
Ceux où l'on peut flâner, respirer, rêvasser.
Juste à flanc de montagne, au fil des courbes, presque oubliés.
Lentement, aller voir au delà, juste après

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